SALAM
LE SECRET DU MARIAGE HEUREUX
Mathieu Perreault
La Presse, samedi 14 février 2004, A7
SEATTLE - Pour éviter le divorce, il faut tout simplement cinq fois plus de compliments que de critiques. Voilà le verdict d'un psychologue et d'un mathématicien américains qui affirment avoir percé le secret des mariages heureux.
John Gottman et James Murray, de l'Université de Washington, ont analysé les vidéos de centaines de couples discutant de problèmes matrimoniaux, recueillis pendant 20 ans. Leurs équations leur ont permis d'expliquer 94 % des divorces qui sont survenus parmi leurs cobayes.
« Les couples qui durent longtemps se font au moins cinq fois plus de commentaires positifs que négatifs », a expliqué à La Presse le psychologue Gottman, qui présentera aujourd'hui ses travaux au congrès annuel de l'Association américaine pour l'avancement des sciences, à Seattle. « En bas de cette proportion, le divorce est presque inévitable. »
M. Gottman, qui a bâti sa théorie avec son collègue mathématicien Murray, a également observé que, dans les couples hétérosexuels (il a aussi étudié les homosexuels), les qualités de l'homme expliquent le succès ou l'échec du mariage. « Si un homme sait répondre aux critiques de sa femme, ça va marcher, dit M. Gottman. Sinon, on va vers le divorce, quoi que la femme fasse. » Est-ce à dire que les hommes portent la responsabilité des divorces ? « Non, la femme peut moduler la réponse de l'homme par exemple, elles peuvent être gentilles quand elles font les critiques. Dans quatre couples sur cinq, c'est toujours la femme qui parle en premier des difficultés conjugales. L'homme l'a peut-être remarqué, mais il n'en parle jamais en premier. L'approche de la femme est donc importante. » Nombre de psychologues ont critiqué l'approche de M. Gottman, affirmant qu'il simplifie des situations compliquées.
Chose certaine, on ne peut pas lui reprocher de manquer de précision : il affirme être capable de composer l'équivalent d'un « Dow Jones de la conversation conjugale » établissant, sur une
échelle de 150 points composée de 20 catégories, les chances de survie d'un couple.
M. Gottman cite à l'envie son livre Seven Principles that Make a Marriage Work et les séances de thérapie qu'il offre. il affirme même être capable de prédire les divorces à partir des sourires : si les yeux ne bougent pas pendant le sourire, cela veut dire que c'est un sourire forcé, qui ne correspond pas à un vrai bonheur.
La crise de l'accouchement
Quoi qu'on pense des solutions miracles de M. Gottman, il a beaucoup réfléchi sur les relations de couple, il affirme par exemple que les couples heureux se distinguent en ce qu'ils ont la même manière de réagir aux commentaires négatifs. « Nous avons divisé les personnalités en trois types : les validateurs, les évasifs et les versatiles. Les validateurs veulent bien comprendre les critiques de l'autre personne. Les évasifs préfèrent ne pas répondre aux critiques. Les versatiles répliquent aux critiques, un peu comme les couples juifs qui se disputent sans cesse dans les films de Woody Allen. Les mariages réussis, que nous définissions par l'absence de divorce et la satisfaction des deux époux, comportaient presque tous des personnes du même type de personnalité. Nous avons vérifié si les enfants de ces trois types de couples se portent bien, et il semble que oui. »
Curieusement, certaines combinaisons de personnalités n'existent pas dans l'échantillon des deux chercheurs. « Nous avons observé des couples où l'homme était validateur, et la femme versatile ou évasive. Ces mariages n'étaient pas réussis. Mais nous n'avons pas observé de couples formés d'une personne versatile et d'une évasive. Je pense que c'est parce que ce genre de couple ne passe pas l'étape de la cour. »
Le psychologue de la côte ouest s'intéresse maintenant aux « transitions de vie » : le premier enfant, la crise de la quarantaine, la retraite. « Les deux tiers des couples font état d'une baisse de la satisfaction conjugale après le premier enfant. Les couples qui ont des bébés difficiles, qui ne font pas leur nuit par exemple, ne sont pas plus touchés que les autres. J'essaie de savoir si le tiers qui n'a pas de baisse de satisfaction a des caractéristiques qu'on pourrait viser dans les thérapies. »
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UNE MACHINE POUR MESURER L'AMOUR
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http://www.er.uqam.ca/nobel/r30034/PSY4090/pages/Gottman.html