Algériens emprisonnés à tort en Grande-Bretagne : L’Algérie exige des excuses officielles
par Zouaoui Mouloud
L’Algérie aurait exigé des excuses officielles du gouvernement britannique pour les ressortissants, à l’exemple du pilote Lotfi Raïssi, incarcérés à tort dans les prisons du Royaume-Uni dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, notamment.
C’est ce qu’a rapporté avant-hier la presse britannique citant des responsables au sein du gouvernement de Tony Blair qui ne cesse depuis plusieurs mois de harceler l’Algérie pour qu’elle signe un mémorandum d’entente permettant à ses services de sécurité d’expulser des Algériens devenus indésirables en Grande-Bretagne.
L’accord, cheval de bataille du ministre de l’Intérieur Charles Clark, permettrait par la même occasion à Londres de se débarrasser des demandeurs d’asile algériens déboutés, qu’elle suspecte de menacer la sécurité du royaume, et ce, sans avoir à recourir à la justice.
Les services de sécurité britanniques avaient arrêté récemment sept Algériens dont quatre avaient été emprisonnés pendant deux ans sans jugement, et libérés sur ordre de la justice. Londres espère les renvoyer en Algérie une fois le mémorandum signé.
Mais les autorités algériennes ont exigé, selon le Times, que le gouvernement britannique fasse un mea-culpa officiel des arrestations arbitraires des Algériens dont le cas le plus édifiant est celui de Lotfi Raïssi. Le quotidien souligne que les autorités algériennes ont affirmé à leurs interlocuteurs britanniques que si l’Algérie coopère en matière de lutte contre le terrorisme international, elle ne peut tolérer que ses citoyens soient humiliés, injustement emprisonnés, jetés à la vindicte populaire et privés de leurs droits les plus élémentaires, au nom de cette lutte contre le terrorisme.
Si les succès de cette lutte sont mis en exergue en Grande-Bretagne et ailleurs avec un fort battage médiatique, les erreurs doivent être assumées en toute responsabilité, avaient soutenu les responsables algériens à l’endroit de leurs interlocuteurs britanniques.
Il s’agira désormais du point d’achoppement dans les discussions entre Algériens et Britanniques au sujet du mémorandum d’entente, croit savoir le Times. Le quotidien laisse entendre que l’exigence a été formulée par M. Abdelaziz Belkhadem, ministre d’Etat représentant personnel du président de la République, en marge du meeting qu’il a animé le 17 septembre à Londres en faveur de la charte pour la paix et la réconciliation nationale.
M. Belkhadem était accompagné de MM. Abdelmadjid Menasra et Lakhdar Benkhelaf, cadres respectivement du Mouvement de la société pour la paix (MSP) et du Mouvement El-Islah. Outre les dizaines d’Algériens incarcérés injustement durant plusieurs mois, M. Belkhadem a évoqué, ajoute le quotidien londonien, l’affaire de Lotfi Raïssi, un pilote algérien installé à Londres, qui avait été accusé sans preuves par le FBI d’avoir entraîné un des 18 kamikazes qui ont participé aux attaques du 11 septembre 2001.
Arrêté en septembre 2001, Raïssi a passé sept mois dans la prison de haute sécurité de Belmarsh (sud de Londres) avant d’être libéré, faute de preuves. Il avait, depuis, intenté un procès au FBI et attend toujours les 10 millions de dollars de réparation qu’il avait exigés.
Interrogé par le Times sur le rebondissement de son affaire, M. Raïssi a déclaré : «J’ai patienté pendant quatre ans durant lesquels je n’ai pas formulé la moindre critique contre le gouvernement britannique, mais on ne peut démolir la vie de quelqu’un injustement sans faire en sorte de la réparer.» Les Algériens, a-t-il ajouté, «sont attentifs à ce qui m’est arrivé et savent plus que quiconque l’étendue de la grave injustice que j’ai subie».
Quelque 230 Algériens, en majorité des demandeurs d’asile, avaient été interpellés en Grande-Bretagne entre novembre 2002 et mars 2003 dans le cadre de la loi antiterroriste promulguée par le gouvernement qui autorise la justice à incarcérer une personne pour une durée indéterminée et sans dévoiler les charges retenues contre elle.
Tous ont été relâchés, à l’exception de 17 d’entre eux qui avaient été placés en détention. Neuf ont été libérés l’an dernier et sept autres en mars dernier avant d’être arrêtés à nouveau il y a 10 jours. Z. M.