Bouteflika rappelle les médias audiovisuels à l’ordre
L’adhan à la prière se diffuse à nouveau
par Mohamed Zaâf
Le pouvoir a enfin pris la décision de corriger une anomalie d’essence plutôt provocante, en intimant l’ordre aux médias audiovisuels du pays de diffuser de nouveau l’adhan, au bénéfice des auditeurs et des téléspectateurs, majoritairement musulmans.
Le Conseil des ministres réuni avant-hier sous la présidence du chef de l’Etat, «a décidé que la radio nationale à travers toutes ses chaînes ainsi que la télévision nationale sont désormais tenues de diffuser l’adhan à la prière, à ses heures quotidiennes à l’instar des autres pays musulmans à travers le monde».
Bien que tardive, l’initiative ne peut que susciter la gratitude des fidèles et l’approbation populaire. Première à réagir, l’Association des ulémas musulmans algériens, (AUMA, présidée par cheikh Abderrahmane Chibane qui est considéré comme le timonier de la religiosité algérienne) déclare avoir accueilli avec une «grande béatitude, l’ordonnance du président Abdelaziz Bouteflika», sur la question de l’adhan.
L’association considère que la décision du chef de l’Etat «conforte la dimension islamique de la personnalité nationale et rappelle la nécessité d’un retour au respect de la Constitution qui consacre l’islam religion de l’Etat». En outre, elle voit en l’initiative présidentielle, «une réponse aux appels des Ulémas de la nation, des organisations de la société civile et aux aspirations des citoyens, considérant que l’adhan est le sujet par lequel se distingue la société musulmane à toute époque et en tous lieux».
Quant aux tympans fragiles, ils accepteront bien, estime-t-on, d’encourager quelques minutes la démocratie, en se bouchant librement l’oreille. D’autant que les textes du pays et les déclarations officielles baignent dans l’ambiance réconciliatrice.
On envisage bien de réintégrer les gens dans leurs fonctions, pourquoi alors s’opposerait-on à ce que l’adhan regagne la sienne ? En islam, religion simple, l’adhan ne peut être l’objet d’une quelconque «arrestation». Il se fait selon les circonstances, par et pour l’individu ou par l’individu pour le collectif.
Il se fait dans les châteaux comme dans les prisons, sur les terres, sur les mers et dans les cieux. A un moment où il se trouvait malade et alité en France, Mohamed Belouizdad, l’une des figures du mouvement nationaliste, répondait à l’un de ses compatriotes qui lui demandait ce qu’il désirait qu’on lui ramène du pays : «Ce qui me manque, tu ne peux me le ramener, ce qui me manque c’est l’adhan».
C’était au début des années 1950, avant le déclenchement de la guerre pour l’indépendance. Dans l’Algérie indépendante, il s’est trouvé des gens censés être au service des Algériens, de leur personnalité et de leur religion, mais qui pensèrent à mettre out l’adhan et à l’éloigner de certains de nos médias audiovisuels dont la télévision.
Autant se battre contre des moulins à vent ! L’adhan reprend avec la fin du terrorisme ! M. Z.