George W. Bush accusé de meurtre
L’information date de la semaine dernière, mais elle est largement passée inaperçue, et vaut la peine d’être remise en lumière. Le 25 juillet, des auditions se sont déroulées devant la commission judiciaire du Congrès des Etats-Unis, dans le cadre de la tentative, préparée par le député de l’Ohio Dennis Kucinich, de déclencher une procédure de destitution contre le président Bush.
Durant cette journée d’auditions, Vincent Bugliosi a accusé George W. Bush de meurtre. Ancien procureur de Los Angeles, il est connu pour avoir été chargé d’instruire l’affaire "Charles Manson" (l’assassin de Sharon Tate, femme de Roman Polanski), et pour avoir obtenu 21 condamnations pour meurtres... en 21 procès pour ce chef d’inculpation.
Durant son intervention, il a très succinctement repris l’argumentaire de son livre The Prosecution of George W. Bush for Murder, paru en 2008. Un ouvrage très polémique, devenu un best seller aux Etats-Unis, malgré un black-out presque total des grands médias (le New York Times a d’ailleurs évoqué ce phénomène médiatique le 7 juillet dernier).
L’ancien procureur a rappelé que le 1er octobre 2002, le président Bush avait été averti par 16 agences de renseignement américaines, dont la CIA, que l’Irak ne possédait pas d’armes de destruction massives. Le 7 octobre, Bush affirmait pourtant que l’Irak était une menace pour les Etats-Unis, en raison de sa possession d’armes de destruction massives. Bugliosi s’est servi ensuite de la mise en évidence de ce mensonge pour défendre l’idée que Bush était coupable de la mort de plus de 4.000 soldats américains, et plus de 100.000 civils irakiens (on parle là de morts "certifiées", certaines estimations allant bien au-delà).
Peu de temps après sa première intervention, il a repris la parole pour livrer cette très forte révélation :
"Le 31 janvier 2003, moins de deux mois avant que Bush n’ordonne l’invasion de l’Irak (...), Bush et le premier ministre britannique Tony Blair se sont réunis dans le bureau ovale avec six de leurs principaux conseillers, parmi lesquels le conseiller en chef de politique étrangère de Tony Blair, David Manning. Après la réunion, Manning prépara un compte-rendu de cinq pages, extrêmement sensible, résumant ce qui avait été dit durant la réunion. Il écrivit que George Bush, pas Tony Blair, George Bush était si inquiet de l’échec des inspecteurs des Nations Unies à trouver des armes de destruction massive en Irak, qu’il évoqua trois moyens possibles pour, je cite « provoquer une confrontation », fin de citation, avec Hussein, dont l’une était, je cite, je cite George Bush, « faire voler un avion de reconnaissance U2 au-dessus de l’Irak, peint aux couleurs des Nations Unies, et si Hussein tirait dessus », disait Bush, « il serait en violation des résolutions de l’ONU et cela justifierait notre entrée en guerre ». Donc Bush disait aux Américains, disait au monde, que Hussein était un danger imminent pour la sécurité de ce pays, mais derrière les portes closes, George Bush parlait de la manière de provoquer Hussein pour rentrer en guerre."
Le célèbre avocat s’était aussi exprimé, un peu plus tôt, sur MSNBC sur son action spectaculaire à l’encontre du président Bush. A 6 min 20 de la vidéo qui suit, il évoque la rencontre Bush-Blair décrite par David Manning.
Sur le blog Hot Potato Mash, on peut voir Vincent Bugliosi développer plus longuement son réquisitoire (en anglais).
George W. Bush bientôt au cinéma
On ne sait pas encore si Oliver Stone a inclus ce type d’accusations très rudes dans son film sur le très décrié président états-unien...
Voici en tout cas la bande-annonce du très attendu W. On y voit George Bush, incarné par Josh Brolin, qui se saoule, fait de la prison, danse avec une stripteaseuse, etc.
Outre les frasques et les beuveries - déjà connues - de W, le film de Stone fait une large place à la relation père-fils des Bush. Dans la bande-annonce, on voit ainsi le père, assis dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche, sermonner le fiston : « Tu fais la fête, tu cours les jupons, tu conduis alors que tu est saoul : pour qui est-ce que tu te prends ? Un Kennedy ».
Oliver Stone, connu pour ses positions anti-Bush, dit néanmoins avoir fait un film objectif sur le président des Etats-Unis. Le réalisateur avait déjà signé deux films sur d’anciens présidents américains : JFK en 1991 et Nixon en 1995, plutôt bien reçus par la critique.
Pour W, les avis sont mitigés... parmi les spécialistes de l’administration Bush. Ainsi, Robert Draper, auteur de Dead Certain : The Presidency of George Bush, s’est dit agacé par certains dialogues :
« Ça vous laisse avec l’impression que la Maison-Blanche est gérée comme un dortoir de campus, dit-il. Les gens s’appellent par leurs surnoms, et discutent d’aller en guerre comme s’ils parlaient d’un pari au football. Décrire ainsi le fonctionnement de la Maison-Blanche, c’est carrément manquer le bateau... ».
Chacun pourra se faire un avis très prochainement. Le film sort en salle le 17 octobre.
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