Restauration du palais Ahmed bey de Constantine
Achèvement des travaux à la fin de 2005
par Moza D.
Le chantier de rénovation du plus grand palais du pays de style ottoman, le palais Ahmed bey de Constantine, touche pratiquement à sa fin. C’est ce que nous a déclaré le responsable de l’entreprise Lahmer Benyoucef, chargée des travaux de réhabilitation, en ajoutant que «le taux d’avancement des travaux est estimé à 90 % et que l’achèvement est prévu pour décembre».
L’entreprise, qui avait un délai de 24 mois depuis août 2002, devait mener les travaux d’achèvement et d’équipement consistant essentiellement au rempiétement des fondations, à la consolidation des murs et des planchers, à la construction des nouveaux murs et arcs, à la remise à niveau des colonnes en marbre, à la consolidation des combles et à la réfection de la toiture, au lambrissage des murs, au revêtement du sol en marbre et enfin à la réalisation des travaux d’électricité, de sanitaire et de plomberie.
Ce travail de grande envergure s’effectue en étroite collaboration avec la société d’architecture et d’urbanisme ASO, à qui revient la tâche de compléter et superviser les plans d’exécution, notamment la restitution d’espace, l’étayage, l’allègement des structures.
Encadrée par un conseiller en restauration algérien, son travail consiste essentiellement à récupérer le maximum de la céramique, du marbre, de la faïence et du carrelage, afin de conserver les formes et mosaïques sur les murs et le mariage très réussi du dallage et de la faïence et compléter par des matériaux qui se rapprochent, pour préserver la particularité du palais.
Un vrai bijou architectural du style ottoman, dont le bey avait soigneusement choisi les matériaux de construction de plusieurs régions du pays, à l’instar de la région de Batna et de la Kabylie, connues à l’époque pour la valeur du bois de leurs forêts.
Il a ensuite chargé l’Italien Schiaffino d’importer le marbre, la faïence et le dallage d’Italie et a confié à El- Hadj Djebri, maçon de la ville, la direction des travaux, alors que les juifs étaient recrutés pour placer les carreaux, les glaces et la plupart des ouvrages de ferblanterie.
Celui-ci, bâti en 1828, deux ans après l’accession de hadj Ahmed à la dignité de bey de Constantine et de la Provence de l’Est, a été occupé par l’état-major de l’armée française, et ce, de 1837 à 1962, ensuite par l’armée algérienne jusqu’en 1969 et enfin par l’APC de la ville jusqu’en 1982.
Classé en 1984 patrimoine protégé, le besoin de le rénover s’avérait plus que nécessaire. En effet, des études dans ce sens ont été faites, comme l’affirme Mme Haddad, architecte à la circonscription archéologique et chargée du suivi des travaux.
«Nous avons reçu des propositions d’études tunisiennes, italiennes et polonaises, afin de restaurer le palais tout en préservant son style d’architecture. Mais la plus crédible, et qui répondait à nos aspirations, était celle du bureau d’études polonais, réputé notamment pour avoir restauré les villes de Varsovie et Cracovie après la Seconde Guerre mondiale.» Ceci avant d’ajouter que «le plan de restauration comprenait une étude historique, basée sur des recherches archéologiques, architecturales, géologiques, artistiques, constructives (génie civil), ainsi que des installations pour l’éclairage et les sanitaires».
A la question relative au coût de la rénovation, Mme Haddad a répondu que l’étude faite en 1985 prévoyait 13 milliards. Une somme appelée à s’allonger avec le retard accumulé dans l’achèvement des travaux et l’équipement en appareils spéciaux et dispositifs utilisés pour la conservation et la protection des œuvres d’art dans ce qui deviendra un musée d’exposition et d’ethnographie.
En outre, l’architecte responsable a tenu à préciser que 60 % du montant global est assuré par l’Agence nationale d’archéologie et que 40 % du même montant est financé par la wilaya de Constantine. Par ailleurs, le palais qui renferme trois logis principaux et un étage séparé par les deux jardins, le jardin des orangers et celui des palmiers, a subi des remaniements très importants, essentiellement lors de l’occupation française, causant ainsi la démolition de parties entières.
L’édifice compte aujourd’hui 119 salles d’exposition, 22 galeries, 2 terrasses, 2 jardins, 2 fontaines en marbre, un patio, un bassin et autres chefs-d’œuvre, témoignant d’un goût et d’une harmonie sublimes. Cependant, à la question relative aux objets d’art et aux meubles qui se trouvaient au palais à l’époque du bey, la responsable a répondu que le palais a été réceptionné vide.
Aussi, les services de l’APC ont assuré que la quasi-totalité des objets ont disparu en 1962. Appuyant les déclarations faites par le responsable de l’entreprise, Mme Haddad a certifié qu’»une fois les travaux de maçonnerie achevés, le palais sera ouvert au grand public.
Seule se poursuivra la mise en place des travaux artistiques, tels que les tableaux de peinture qui ornaient, jadis, les multiples galeries, à l’image, a-t-elle affirmé, de la fresque du pèlerinage du bey», ajoutant que des contacts ont été pris avec la direction des beaux-arts dans le but d’assurer, au mieux, cette opération.
Abordant par la suite la gestion future du palais, Mme Haddad a assuré que le palais aura, dès la fin des travaux, une direction qui assurera son rôle de musée, ouvert dans le souci de faire connaître Constantine, la ville millénaire, son histoire et les différentes civilisations connues par cette cité.
M. D.