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 Témoignage de la vie au camp de rétention de Vincennes

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confiture
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Date d'inscription : 17/09/2007

Témoignage de la vie au camp de rétention de Vincennes Empty
MessageSujet: Témoignage de la vie au camp de rétention de Vincennes   Témoignage de la vie au camp de rétention de Vincennes Icon_minitimeMar 27 Mai - 10:58

SALAM

France
¬ Témoignage de la vie au camp de rétention de Vincennes. Détenus affamés, violentés, terrorisés, ... ça ne vous rappelle rien ?

23 mai, CRA 2
« Mardi dernier je reçois un appel d’un leader associatif malien représentant de la jeunesse malienne expatriée en France. Il a suivi la grève de la faim, et la marche et il a demandé à me visiter. Il est solidaire du mouvement. J’ai demandé une visite confidentielle selon l’article 24 du règlement intérieur du centre qui stipule que tout résident a droit à une visite confidentielle si les locaux le permettent. J’ai fait la demande 72 h avant. J’ai aussi demandé selon l’article 20 de rencontrer un responsable du centre pour faire le point sur mon dossier. Les deux demandes ont eu une fin de non recevoir.

J’ai réitéré la demande auprès de l’agent qui me conduisait au poste de visite, et une fois au poste j’ai demandé à nouveau. On m’a répondu avec un ton sec, discourtois et déplacé que je dois faire comme les autres. Elle était ignorante totalement du règlement. Elle a crié, elle était sortie d’elle même, elle a tout de suite pris la responsabilité d’annuler la visite. Une dizaine d’agents m’ont emmené en bas en sortant les muscles et en criant. Ils m’ont conduit de force à l’accueil. Quatre policiers gantés m’ont assis de force. Ils ont mis leur gants juste avant. Ils m’ont insulté, menacé “tu vas voir si tu te rebelles on va te faire voir, tu es à la base de l’instigation du mouvement”. Toutes sortes d’insultes. J’ai été mis en isolement pendant 30 minutes pour non respect du règlement intérieur. Quand je suis sorti vers 18h j’ai réitéré ma demande et je n’ai toujours pas de réponse à cette date (vendredi).

Brigade canine toute la nuit, les chiens aboient tout le temps, ils empêchent ceux qui ont les chambres de ce coté de dormir. Les projecteurs sont braqués sur les gens en permanence, dans le réfectoire et les chambres. Ils sont tellement puissants qu’ils traversent les vitres teintées. La lumière est trop forte pour regarder la télé.

Les lits superposés craquent à chaque mouvement. Ça pousse à la crise de nerf, la perte de contrôle, les gens s’en prennent à leur cohabitants. Ma chambre est contigüe aux toilettes. Quand on touche au robinet du lavabo ça fait du bruit, comme un gros boum boum qui dure. Les douches sont bouchées, les toilettes n’ont jamais été désinfectées, depuis un mois que je suis là. Elles sont pleines à craquer, à tel point qu’il faut parfois les vider dehors.

Si on mange un repas équilibré à midi il faut attendre le lendemain soir pour avoir un autre repas complet. Certains ne mangent que du pain et du lait et du fromage. Il y a eu du riz blanc et du couscous sans sauce. Les musulmans sont obligés de renvoyer leur barquette et de se contenter de pain et de yaourt.

Quand je suis arrivé je pesais 70kg, maintenant 55kg. Un ami est passé de 80kg à 60. La plupart perdent un tiers de leur poids.

Les chiens sont comme un CD qui tourne. Cris de chiens ininterrompus toute la journée mais je les vois jamais en face. Les être humains sont utilisés comme des sujets d’expérimentation par l’école de police [qui est contigüe au centre].

Un retenu se fait trainer jusqu’à sa chambre pour vérifier sa carte alors que ça fait 20 jours qu’il est là, qu’il donne son nom matin et soir, et les agents ne sont pas capables de le reconnaître.

Aujourd’hui il n’y a pas de passage devant le Juge des libertés et de la détention. Il y a des rafles, il y a pas de place dans les centres, dans les vols. Les centres sont engorgés. La « machine » judiciaire est enrayée. La politique d’expulsion est grippée. Il faut en profiter pour intensifier les mobilisations à l’intérieur et à l’extérieur.

[concernant les visites des associations de soutien] : certains retenus sont membres de ces associations, ils cotisent, et cherchent donc à recevoir leur visite. [pour visiter, les associatifs doivent faire une demande officielle]. Pour avoir des associatifs en visite, le détenu n’est pas soutenu par la Cimade qui crée des empêchements.

La Cimade ne fait pas la place aux autres associations. Par exemple avec la coordination des sans papiers du 8ème, pour un jeune malien, ils n’ont pas facilité. Idem avec Droit Devant, ils ne leur ont pas permis. La Cimade a le pouvoir de manière subtile d’empêcher les policiers d’accepter la visite. On s’en rend compte par les comptes rendus téléphoniques des membres des associations.

Mais ces derniers peuvent se faire passer pour de simples visiteurs. Ils se présentent comme n’importe quel autre visiteur mais ensuite la police leur dit que c’est pas possible : Ils avaient rendu visite d’abord à la cimade qui a informé ensuite la police qui ne se serait pas rendu compte sans la Cimade que ce n’était pas de simples visiteurs.

En ce moment il y a des travaux, suite à la visite de deux eurodéputés (dont Harlem Désir) puis de cinq médecins de la préfecture, ils sont en train de remplacer les installations des extincteurs qui auraient pu servir à se pendre. Avant la visite, ils ont fait un grand nettoyage notamment le jardin. Les médecins de la préfecture ne nous ont pas adressé la parole, on leur a quand même dit ce qu’il se passait ici et ils ne nous ont pas écouté.

Il y a aussi la commercialisation des produits. On arrête des gens qui sont déjà pauvres et on les dépouille de leur sous : les cigarettes sont vendues à 5E50, la boisson coûte 1E50, et le café 50c. Tout un commerce est organisé autour des retenus.

Un malien a « perdu » 60 euros entre sa garde à vue lundi au commissariat de la Gaité et son arrivée au centre de rétention : on lui a pas transféré son argent. Il l’a signalé à la police et à la Cimade, à la date d’aujourd’hui il a toujours pas récupéré son argent.

Hier en début d’après midi un retenu a avalé deux lames de rasoir, il est entre la vie et la mort. Il a été emmené à l’hôpital Hôtel Dieu, on ne sait pas ce qu’il est devenu.

Il y a une complicité entre les médecins de l’Hôtel Dieu et l’administration du centre. Ils donnent des somnifères pour endormir les gens qui vont être expulsés.

Un Haïtien a d’abord refusé un vol, de retour au centre on lui a proposé de prendre des médicaments alors qu’il ne l’avait pas demandé. Depuis il ne mange plus à la cantine, il ne mange que du pain et la nourriture des distributeurs. Il ne fait confiance ni à la restauration ni à la médecine. Sa rétention est jusqu’au 24, il attend sa libération.

On a fait des assemblées d’information. 80 % du personnel a été renouvelé depuis un mois. Il y a maintenant une majorité de Chinois et Arabes, il faut passer par ceux qui parlent français dans les communautés.

On passe dans les chambres, dans le jardin et le réfectoire et on propose une heure de réunion. À l’heure des repas on sensibilise mais il a des difficultés . On se retrouve dans le réfectoire, on communique sur l’actualité, sur les actions à entreprendre et sur les droits. Quand on se réunit il y a des policiers qui rodent autour.

Là, deux agents sont en train de m’écouter vous parler, ils disent qu’ils contrôlent les ouvriers qui font les travaux. Ces derniers temps ils avaient infiltré certains prisonniers à qui ils donnent des rations supplémentaires. Il y a un policier en civil qui se fait passer pour un prisonnier. On s’en rend compte parce qu’il rédige tous les soirs un rapport, il sort et rentre comme il veut, il a exceptionnellement un stylo ; il se permet d’acheter quotidiennement les journaux à l’accueil. Le jour de la manif du 4 mai, il faisait diversion avec les policiers à côté du grillage où on s’était rassemblé.

Celui qui faisait le lien avec le deuxième centre [CRA 1] a été libéré, donc en ce moment on a pas de contact avec eux. C’est pendant les audiences devant le juge ou les consulats, qu’on peut se voir mais comme dernièrement je ne suis pas sorti, je n ai pas de nouveau contact. »

20 mai, CRA 1
« J’essaye de parler avec les gens pour qu’ils refusent le vol, pour qu’il y ait un cumul de refus de vols chez les sans papiers expulsables.

Il y trop de bruit, ils nous réveillent a 2h du matin, pour expulser les gens à 4h.

Les expulsions, convocations au tribunal, et les audiences avec les consuls sont affichées sur un tableau.

C’est le même produit qui fait bain de bouche et qui désinfecte les plaies. C’est interdit de ramener des médicaments dans le centre, donc ceux qui sont malades ne peuvent pas le faire. Un diabétique a été amené menotté à l’hôpital. Tout le monde a des boutons sur le corps, des allergies à cause de la nourriture. Les haricots sont déconditionnés de leur boites de conserve et reconditionnés dans des barquettes plastique pour falsifier le date de péremption.

Les appels au haut parleur commencent à 6h du matin pour appeler les gens, ce qui réveille tout le monde.

Ces derniers jours il n’y a pas eu de réunions entre les détenus. C’est difficile de se rassembler, car il y a plusieurs nationalités, âges, mentalités, il y a des gens qui ne parlent pas français.

Il y a des gens qui se blessent avec des couteaux ou autre chose parce qu’ils ne veulent pas prendre l’avion. Un mec s’est gavé de médicaments, il était inconscient, il s’est déshabillé devant tout le monde, et avec un couteau il s’est blessé sur tout le corps.

[Concernant l’attitude des consulats] : Le consul égyptien ne délivre pas de laissez passer à ceux qui n’ont pas de passeport. Pour les Algériens c’est le contraire : je suis algérien j’avais pas de passeport, j’ai donné toute mes références (nom, âge...) et la consulat a donné le laissez passer.

Le consul vient dans une salle spéciale qui lui est réservée dans le centre. Pendant l’entrevue entre le détenu et le consul, le consul essaye de piéger les gens, il demande au détenu s’il a un avocat, si non il donne un contact qui se fait payer par exemple 2000 euros. Et l’avocat et le consul se partagent le fric entre eux, et en échange le consul ne donne pas de laissez passer [ce qui fait que le détenu sans passeport ne peut pas être expulsé].

Quand le détenu n’a pas de passeport, le consul devrait chercher des info dans son pays d’origine pour vérifier son identité, ce qui prend plusieurs jours. Mais en fait, il donne les laissez passer très rapidement, donc il ne prend jamais le temps de faire ces recherches.

Un marocain qui ne veut pas rentrer au Maroc dit qu’il est algérien, le consulat algérien le reconnaît comme ressortissant algérien. Une fois en Algérie, il se fait emmerder par les flics algériens puis au bout d’un certain temps il est renvoyé en France. »

[Source : fermeturetention@yahoo.fr]
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