SALAM
Ci-dessous la traduction d’une interview du député Mohamed Al Daïni, accordée à Ahmed Abou Salah pour albasrah.net le 14 octobre 2006
Ames sensibles, s'abstenir
Un documentaire et des rapports médicaux attestent des scandales de l’occupation et de ses agents.
Le viol de 300 détenus irakiens, hommes et femmes, à la prison de Bâakouba.
L’Imam d’une mosquée, âgé de plus de 60 ans, raconte les détails de sa sodomisation à deux reprises.
120 000 détenus dans les prisons de l’occupation, dont des milliers ont été violés. Des parlementaires et des responsables irakiens sont impliqués dans les crimes de l’occupant.
Les viols touchent autant les femmes que les enfants et les imams. Les soldats usaméricains violent une adolescente devant ses parents puis les brûlent tous !
Un salon élégant avec un grand bureau et de nombreuses chaises. Le directeur de la prison est derrière son bureau, à sa droite un officier usaméricain, faisant face aux membres de la délégation parlementaire irakienne en visite à la prison de Bâakouba (gouvernorat de Diyala), et puis des militaires usaméricains et irakiens qui discutent.
Ce sont les premières images du décor d’un documentaire que nous a remis le député Mohamed Daïni, du Front irakien du dialogue national, représentant le gouvernorat de Diyala et qui a provoqué un scandale bien qu’il n’ait été communiqué qu’à un seul journal, l’hebdomadaire « Al Ousbou’ ». À l’appui du documentaire, des rapports de médecine légale qui attestent que plus de 300 citoyens irakiens, en plus de 6 femmes, détenus dans la prison de Bâakouba, ont été violés.
Le film montre la prison qui consiste en 7 chambrées archicombles où cohabitent des détenus allant de l’âge de 12 à 70 ans. La caméra entre dans une chambrée de 60 à 70 m² qui accueille plus de 120 détenus, alors qu’elle est prévue pour accueillir 40 détenus, selon les normes officielles. On peut se faire une petite idée : le linge étendu sur des cordes sur toute la surface de la salle. Il y a en tout et pour tout trois ou quatre lucarnes de moins de 1/4m² de surface pour l’aération, deux sources de lumière et deux ventilateurs électriques accrochés au plafond, avec une température dépassant les 50° en moyenne !
La délégation entre dans la salle, accompagnée de militaires irakiens et usaméricains. Un brouhaha indescriptible l’accueille, les pleurs de certains détenus, des cris et des appels à l’aide de certains autres. De nombreux détenus enlèvent leurs vêtements pour montrer les traces des tortures ignobles sur diverses parties de leurs corps. Un vieillard qui a dépassé les soixante ans, raconte à qui veut l’entendre, les abus qu’il a subis. Un jeune crie : il y a plus de 70% des 300 détenus ici qui ont été violés, et ce ne sont que les gens qui ont subi un contrôle médical.
Dans une autre chambrée, se tient un vieillard qui en impose malgré tout ce qu’il a subi. Il s’appelle Cheikh Nafâa Addahlaki, un religieux respecté. Il s’appuie sur la porte de fer et raconte en détail comment il a été violé devant les siens. En l’écoutant, appuyé sur la porte, on ne peut que pleurer.
Dans une autre chambrée, se tiennent 6 femmes, toutes vêtues de noir. Quatre d’entre elles s’adossent au mur, se couvrant le visage de honte et la plus âgée, plus hardie, affronte les visiteurs en pleurant. Elle répond aux questions par des larmes, rien que des larmes, des cris de douleur et des prières. Plus le député précise se questions, plus elle pleure et se tord de douleur. La caméra s’arrête sur le visage déshumanisé d’une femme, qui semble nous interpeller tous sans rien attendre de nous tous. Alors elle implore Dieu de la sortir ainsi que ses compagnes d’infortune de cette existence honteuse.
Des documents portant l’en-tête de la présidence de la république irakienne avec le maudit écusson de l’aigle. Le formulaire est le même mais les noms des victimes sont nombreuses. C’est le formulaire d’une expertise médicale : la commission médicale a examiné le détenu (…) les 8 et 9 janvier 2006 et conclut à la présence des signes suivants :
1) Perte des dents de la mâchoire supérieure et lésions au front et à la partie supérieure du nez.
2) Présence de lésions consécutives à des brûlures au niveau des bras et des avant-bras.
3) Présence de traits parallèles d’écorchures sur le dos, les pieds et les plantes des pieds, témoignant de pressions externes.
4) Allégations de sodomisation : l’examen a démontré l’existence d’une plaie cicatrisée sur le côté gauche de l’anus et ces traces témoignent des séquelles de torture.
Signé : Docteur Mohamed Attia (membre), Docteur Imed Taleb (membre), Docteur Mahmoud Amine (président de la commission).
Nous avons entre les mains plus de 120 formulaires d’examen médicaux tous remplis. Il y a par ailleurs à la prison de Bâakouba de nombreux détenus que la honte a empêchés de subir cet examen médical pour apporter les preuves de ce crime grave. Il y en a des milliers d’autres dans d’autres prisons.
Mohamed Al Daïni à la prison de Baâkouba
Le député Mohamed Al Daïni qui a eu le courage de faire ces révélations et de provoquer le scandale, malgré les tentatives d’assassinat qui l’ont visé et l’assassinat de 10 membres de sa famille, nous a donné de plus amples détails dans l’interview suivante :
Albasrah.net : Comment évaluez- vous la situation politique dans le pays ?
Mohamed Al Daïni : Le processus politique en cours en Irak est illégitime au plan légal. Il se passe sous l’occupation d’un envahisseur qui s’est prévalu de faux prétextes, tels que la possession par l’Irak d’armes de destruction massives, pour occuper le pays.
C’est aussi un processus antidémocratique parce qu’il se passe dans des conditions d’exception. La démocratie ne s’instaure pas sous une occupation qui domine tout dans le pays : la souveraineté est représentée par le général George Casey, commandant en chef des forces usaméricaines en Irak et c’est l’ambassadeur Zalmay Khalilzad, considéré comme le véritable gouverneur de l’Irak, qui gère tout le processus politique.
Est-ce que les événements du Liban ont eu de l’influence sur ce qui se passe en Irak ?
Les derniers événements du Liban et le combat héroïque de la résistance nationale libanaise, sont un objet de fierté pour nous tous. Ils ont permis de stopper le projet du nouveau Moyen-Orient prôné par Condoleezza Rice. En tant que forces de résistance nationale à l’occupation usaméricaine, nous saluons la résistance héroïque au Liban et en Palestine et nous dénonçons les crimes horribles usaméricains et sionistes, consistant à la destruction de l’infrastructure du Liban.
Concernant les conséquences sur la situation en Irak, je dois dire que depuis deux mois, les médias internationaux se sont désintéressés de l’Irak, mais c’est aussi une partie du plan usaméricain de faire oublier leurs pertes et les coups durs qu’ils reçoivent chaque jour de la part de la résistance nationale irakienne. Il y a des dizaines de morts usaméricains tous les jours et même s’ils ne le reconnaissent pas actuellement, un jour viendra où tout se saura parce que tout est archivé en Irak.
Quels sont les derniers crimes commis par les Usaméricains en Irak qui n’aient pas été repris par les médias, occupés à suivre les événements du Liban ?
Dans sa déclaration du 1er mai 2003, à bord du porte-avions américain USS Abraham Lincoln, G. Bush a annoncé la fin des opérations de guerre en Irak. C’était un gros mensonge, parce que sur le terrain, les tueries, les massacres et les fosses communes continuaient de plus belle, du premier jour et jusqu’à maintenant. Le dernier crime en date est celui qui a été commis contre une enfant qui a été violée par des salauds de militaires usaméricains, puis brûlée vive avec sa famille chez elle. Une dizaine de jours avant ce crime, la maison d’un Irakien dénommé Rachid Nezzal, dans le gouvernorat de Diyala, a été bombardée par des avions de combat usaméricains. La victime ne possédait pas d’armes et la maison n’abritait aucun résistant ni aucun homme armé. Toute la famille, comportant 15 personnes dont 4 enfants de moins de 2 ans, a été décimée. Ces opérations criminelles ne se sont jamais arrêtées et elles se poursuivent partout en Irak, à Bassorah, Nassiriya, Karbala, Al Hella, Samawa et pas uniquement dans l’ouest du pays comme ils le prétendent. De plus, les vagues d’arrestations et d’assassinats menées par les forces usaméricaines sont permanentes et les prisons usaméricaines et irakiennes renferment plus de 82 000 prisonniers.